Louis Bretonèche 1869 - 1949
Quiconque s’intéresse à l’histoire locale d’Echenay connait au moins le nom Bretonèche. Ce qu’on sait déjà moins, c’est que c’était l’épicier-bonnetier d’Echenay au tout début du 20eme siècle et que c’est en partie grâce à lui que l’on peut découvrir le village à cette époque par les cartes postales qu’il a fait éditer.
Pourtant, ce n’est pas lui qui a fait réaliser celle où l’on découvre sa carriole de livraison en gros plan où s’étale fièrement son patronyme sur la bâche, ce qui en fait la carte postale ancienne « animée » la plus rare du village et par conséquent la plus chère.
Mais qui sait que Louis Bretonèche et son épouse, Louise Pradel, étaient originaires du Cantal ?
Yvon (ou Jean, c'est selon) Louis naquit le 6 novembre 1869 à Ydes, petit village du Cantal à mi-chemin entre Clermont-Ferrand et Brive La Gaillarde. Il est le fils d’Antoine, journalier âgé de 41 ans et de Jeanne Gilbert, ménagère, sa jeune épouse de 32 ans.
En 1889, Louis est déclaré « bon » pour le service militaire. Le grand auvergnat (il mesure 1,77m) aux cheveux châtain foncé et au nez fort, sachant lire, écrire et compter et qui n’est encore que domestique, est envoyé le 13 novembre 1890 au 11e bataillon d’artillerie de forteresse. Il devient 1er canonnier servant le 8 octobre 1892. A sa mise en congé, il obtiendra son certificat de bonne conduite.
Le 9 février 1899, il déclare à l’administration militaire que son nouveau lieu de domicile est Echenay, ce qui permet de dater son arrivée au village. Mais Louis va retourner au moins une fois au pays !
Le 8 mars 1899, Louis épouse à Lanobre (15) Louise Pradel, 28 ans, fille majeure de Jean Pradel et de Catherine Morange, la belle qu’il avait sans doute laissée là-bas provisoirement. Précisons que Louise est née le 9 octobre 1870 au lieu-dit Cheylade, commune de Lanobre.
Si plus de 500 kilomètres séparent le Cantal de la Haute-Marne, c’est bien à Echenay que l’on retrouve le couple de jeunes mariés au recensement de 1901. Et ils ont fait le voyage en compagnie de Pierre Pradel, frère de Louise.
L’épicerie-bonneterie occupe une position centrale dans le village, à droite du lavoir, et elle perdurera (sous la responsabilité d’autres propriétaires) jusqu’à la fin des années 70.
Concernant le lavoir qui jouxte le magasin, il est à noter que c'est le seul lavoir de France doté d'un campanile !
Le recensement d’Echenay de 1911 nous montre un couple sans enfant après 12 ans de mariage, ou du moins ne sont-ils pas là s’ils en ont eu.
Mais le premier conflit mondial se profile et le rappelle sous les drapeaux en novembre 1917 bien qu’étant dans l’armée territoriale. Il a 48 ans. Dirigé le 4 novembre sur le dépôt de transition de la 20e région militaire, il est mis en sursis illimité le 12 du même mois au titre de négociant en bonneterie à Echenay. Il sera définitivement libéré de ses obligations militaires le 20 novembre 1918.
Le nom de Louise Pradel n’apparaît pas sur la pierre tombale. Peut-être est-ce qu’elle a survécu à Louis et que, sans enfant pour faire graver son nom et sa date de décès, elle fut enterrée anonymement.
Ne saura-t-on jamais ce qui a amené Louis et Louise Bretoneche à Echenay, si loin de leur Cantal natal et combien de kilomètres le cheval et le chariot de Louis ont-ils parcouru sur les mauvais chemins truffés de fondrières d’Echenay en criant « Il est beau mon bonnet, il est beau ! » ?...