Ces deux tombes semblent bien être celles de religieuses mais l’une a perdu sa plaque et l’autre est quasi illisible. Afin de tenter d’identifier celles-ci par déduction, je me suis donc « attelé » aux recensements du village, croisés aux tables décennales…
Si l’on en croit les recensements successifs, l’école fut créée entre 1851 et 1856. Ce dernier recensement fait apparaître Marie Anne Serin, religieuse âgée de 38 ans, directrice, et Amélie Lemoine, 38 ans également qualifiée de célibataire. On retrouve les mêmes en 1861.
En 1866, Catherine Ménétriel, 49 ans et Clémence Goetch, 30 ans les ont remplacées et sont qualifiées de sœurs enseignantes. Mais le 11 janvier 1872, Rose Goek (alias Clémence Goetch) décède à l’âge de 36 ans. Elle était fille de Jean Baptiste Goek et d’Anne Mansiot, tous les 2 décédés, habitant St Urbain (52) de leur vivant. Saint Urbain fut la première étape de Jeanne d’Arc sur son chemin de Vaucouleurs à Chinon où elle arriva après avoir soigneusement évité Echenay, alors tenu par les Dinteville, du parti Anglo-Bourguignon. A l’époque de Jeanne d’Arc, il y avait à St Urbain une abbaye bénédictine qui fut détruite à la révolution. Tout cela joua-t-il un rôle dans la vocation de Rose ?... Toujours est-il que Marie Rose naquit le 16 févier 1835. Son père était bourrelier et sa maman sans profession.
La guerre de 1870 passée, les recensements reprennent en 1876. Joséphine Sonnet 52 ans, née à Cuves (52) est la directrice. Née le 27 février 1824, elle est la fille de Joseph Sonnet, charpentier, et de Marie Anne Renard son épouse.
Elle est assistée d’Alix Degoy, institutrice née à Précy sous Thil (21) le 8 juin 1851, de Daniel Degoy, brigadier de gendarmerie et de Victorine Antoinette Brivé.
Cette même année, le 22 mars 1876, Marie Justine Voilleque âgée de 62 ans s’éteint à Echenay sans jamais apparaitre sur les recensements. Son acte de décès la qualifie d’institutrice née à Esnouveaux (52) de François Voilleque et de Marie Demougeot. Son acte de naissance nous informe que Marie était née le 1 février 1814, que son père était carrier et âgé de 28 ans au moment de sa naissance
En 1881, le recensement annonce que Agathe Guillemin, 76 ans, est la responsable de l’école, assistée par Marie Soleil, 34 ans, et Anne Ragonneau, 45 ans.
Sœur Agathe décédera le 18 mars 1884 à Echenay et il semble probable que ce soit elle qui est enterrée dans la sépulture de droite. Née à Damrémont (52), elle était la fille de Nicolas Guillemin et de Thérèse Bougard. Le mauvais état de la gravure ne permet pas d’être affirmatif à 100 % mais je crois distinguer 79 ans ce qui correspond.
En 1886, l’équipe est constituée comme suit : Eugénie Soleil (la même que précédemment ?) est dite âgée de 38 ans, de nationalité française et « chef de ménage » ce qui semble indiquer qu’elle est directrice. Sœur Ragonneau est toujours présente mais est notée sous le prénom d’Annette. Il y a aussi Sophie Lebeau, 72 ans, française et qualifiée de religieuse.
Puis le comptage de 1891 nous présente Mélanie Mille, 57 ans, française et directrice, Elise Girardot 43 ans, Aline Depardieu 15 ans et Elise Deveau 14 ans, ces dernières présentées comme religieuses mais qui n’étaient peut-être que novices, voire domestiques.
En 1896, l’école est animée par Marie Soleil, 47 ans qualifiée d’institutrice privée et chef, de Mélanie Mille, 62 ans, présentée comme religieuse de la communauté et Eugénie Vallant, 23 ans domestique.
1901 accueille Pauline Dossert, 63 ans, et Marie Cudel, 33 ans, « institutrice libre » de la communauté.
En 1905, la séparation de l’église est passée par là et le recensement de 1906 cite :
- Anna Dellory, infirmière née en 1846 à Villotte (Villotte Saint Seine (21)). Du 22 septembre 1846, elle est la fille de Pierre Délery, tailleur de pierre et de Mélanie Dumont
- Adélaïde Perrey, institutrice libre, née à Corre, en Haute Saône, en 1878. Berthe Adélaïde Perrey était née le 5 décembre 1878, fille d’Alexandre Jean Baptiste et de Catherine Elisabeth Noel. Elle se mariera à Paris (15 arr) le 18 septembre 1917 avec Jean Pierre Bayle. C'esn est bien fini des religieuses !
Enfin, le recensement de 1911 mentionne Marie Lorinet, institutrice privée née à Moncetz (aujourd’hui Moncetz Longevas (51)) en 1874. Fille d’Armand Ulysse Lorinet, instituteur qui lui transmit sans doute sa vocation, et de Marie Laure Aubriet, elle naquit le 3 février 1874 et décéda le 8 janvier 1956 à Langres.
La guerre de 14 arrive et, si l’école des filles y survivra, l’heure des sœurs de la Providence est révolue. Il est frustrant de ne pas avoir pu identifier formellement les sœurs de La Providence enterrées à Echenay mais c’est le jeu ! En ai-je oublié certaines ?... C’est possible ! Mais au moins ce billet leur rend-t-il hommage ! Pendant 50 ans environ, elles animèrent l’école des filles d’Echenay et leur souvenir est encore bien présent au village. Implantée rue des ponts, l’école accueillit plusieurs générations de petites filles d’Echenay. C’est aujourd’hui une dépendance d’une exploitation agricole.