Annuaire du commerce 1858
Echenay, terre à betteraves, qui l’eut cru ?! Et ayant une distillerie ?!...
Et pourtant !
Au point de vue historique, il est permis de rappeler qu’avant 1855, il existait à Echenay une distillerie de betteraves, que M. Jules GAROLA avait annexée à l’importante ferme qu’il exploitait dans cette localité, distillerie qu’il transféra ensuite à Saint-Eloi, commune de Chatonrupt, lorsqu’il prit à bail cette propriété. Le poids des racines traitées par jour s’élevait à 2500 kilos. La distillerie de Saint-Eloi cessa vraisemblablement d’exister en 1874, au départ de M. GAROLA
Source : Site Chambre d’Agriculture de Haute Marne – Les Industries Agricoles – par M.P FOURRIER, Directeur des services agricoles de la Haute Marne - Extrait du chapitre IX
Cette trouvaille incite à découvrir l’homme en question.
La famille Garolla s’installe à Echenay entre 1836 et 1841. La ferme de Jules Garola se situe rue des Ponts. Elle est d’importance car le recensement de 1851 dénombre 13 personnes en ses murs :
Jean Jacques Garola, propriétaire, 62 ans
Jules Marie Garola, agriculteur, 27 ans
Clara Athénaise Henry, sa femme, 23 ans
Pierre Georgeon, chef de culture, 49 ans
Julie Berthe, employée, 17 ans
Jules Jean Baptiste Mangeot, domestique, 26 ans
Françoise Demandre, domestique, 30 ans
Ignace Milloni, berger, 75 ans, non naturalisé, de Nationalité Italienne
Paul Charle, domestique, 21 ans
Antoine Buckmann, domestique, 19 ans
François Damien Dieudonné, domestique, 10 ans
Germin Duval, huillier, 46 ans
Henry Hegner, domestique, 19 ans
Source : Recensement Echenay 1851 – AD 52
Monsieur Jules Garolla est « un jeune agriculteur progressif ». Il aime son métier, s’implique, tente et réussit souvent. Aussi le retrouve-t-on fréquemment dans les revues spécialisées de l’époque. Elevage, culture, il est partout et œuvre sur tous les fronts !
Il n’hésite pas non plus à s’associer pour accroitre son activité.
« Nous signalerons encore à votre attention, messieurs, un jeune cultivateur progressif, M. Garola, qui exploite, de concert avec M. Lallement, la ferme de Saint Antoine, commune de Bure.
Cette exploitation se compose de 147 hectares d’une culture extrêmement difficile, en raison de la quantité prodigieuse de pierres qui couvrent le sol. L’assolement à Saint Antoine est très productif et très fertilisant. Pourvue de tous les bons instruments de culture, possédant un nombreux bétail, parmi lequel un des meilleurs troupeaux mérinos du département ; cette exploitation fournie l’exemple d’une culture laborieuse et parfaitement entendue. Elle atteste aussi l’intelligence, l’activité et le parfait accord qui distingue ces deux agriculteurs qui exploitent avec beaucoup de succès la ferme de Saint Antoine ».
Source : Journal d’agriculture pratique 1857 - Concours régionaux de Bar le Duc 1857
Les journées devaient être bien remplies! Naturellement, il participe aussi aux manifestations de sa région et n’hésite pas à se déplacer, parfois assez loin, pour montrer son savoir-faire.
Ainsi quelques exemples car la liste serait trop longue:
Concours régional de Chaumont – 1858
Première division – Espèce bovine- Première classe – 1ere catégorie Race fémeline pure : Mâles – 1er prix, M. Garola à Echenay
Source : Journal d’agriculture pratique, de jardinage et d’économie domestique - 1858
Concours régional de Troyes 1860
162 animaux figuraient dans l’espèce bovine ( ). Tous les connaisseurs ont reconnu que cette partie du Concours était très remarquable, sinon par le nombre, du moins par la distinction des animaux. ( ) M. Garola qui avait été un des concurrents les plus sérieux pour la prime d’honneur de la Haute Marne, avait exposé sous le N° 7, un taureau fémelin né dans sa ferme d’Echenay, et qui a remporté le 2eme prix.
Source : Journal d’agriculture pratique, de jardinage et d’économie domestique - 1860
Et en parfait entrepreneur / manager, M. Garola fait aussi participer son personnel :
Concours régional de Bar le Duc - 1857
Récompenses aux serviteurs ruraux
Une somme de 50 francs et une médaille d’argent au sieur Milloni Ignace, employé chez M. Garola à Echenay (Que l’on a vu dans le recensement de 1851)
Source : Journal d’agriculture pratique, de jardinage et d’économie domestique - 1857
Il communique également sur ses résultats, preuve de son implication dans son métier et d’une gestion maitrisée :
M. J. Garola a publié le compte de dépenses suivant pour la culture de betteraves sur la ferme d’Echenay, près Joinville :
- Loyers et impôts 36 à 40 fr
- Labours et hersages 54 à 60 fr
- Engrais 105 à 125 fr
- Graine 4 à 5 fr
- Ensemencement 3 à 4 fr
- Sarclages et binages 75 à 80 fr
- Arachement, transport et mise en silo 36 à 50 fr
Ensemble ….. 313 à 364 fr
La moyenne entre ces deux chiffres est de 338,50 fr et il conviendrait d’ajouter à cette moyenne une somme égale à celle que M. de Dombasle attribue aux frais généraux, soit 60 fr, ce qui porterait les dépenses à 398,50 fr.
Source : Guide pratique du fabricant de sucre – Nouvelle édition - Par N. BASSET, auteur de plusieurs ouvrages d’agriculture et de chimie appliquée – 1er volume – Paris - 1872
Voici dressé en filigranne le portrait d’un agriculteur en avance sur son temps.
Oui, Echenay a bien été une terre de betteraviers ! L’alcool produit a-t-il réchauffé les habitants du village dans leurs taches agricoles lors des froids hivers ?...
Au recensement de 1861, la famille de Jules Garola n’apparait plus. Celle de Joseph Goldschmit l’a remplacé mais c’est une autre histoire ! ! !
Jules Garola est sans doute parti relever d’autres challenges à Saint Eloi !