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Découvrez l'histoire d'Echenay, petit village de Haute-Marne !

Ce blog retrace la petite et la grande histoire d'Echenay Haute-Marne sous forme de petits articles, au fil de mes recherches et découvertes généalogiques.

LA TRISTE FIN DE LOUIS GUERIN ET DE MARGUERITE DORKEL - ECHENAY 1906 / 1907

Publié le 18 Février 2018 par Petite et Grande Histoire d'Echenay in Ceux d'Echenay...

En ce matin du jeudi 21 septembre 1906, les moutons d’Echenay bêlent fort dans leurs étables. La raison ?... Le berger communal n’est pas passé !

Pour cause, Louis Guérin s’est pendu hier dans son grenier où Marguerite Dorkel, sa femme, l’a trouvé.

Source: Le petit Troyen - 25 septembre 1906

Source: Le petit Troyen - 25 septembre 1906

Louis Guérin était né le 16 janvier 1835 à Avranville (88) où son père, Jean, exerçait lui aussi le métier de berger. Le 14 février 1860, Louis épousa à Epizon (52) Marguerite Dorkel.

L’histoire aurait pu en rester là, oui mais voilà, la vie réserve parfois quelques coups de tonnerre…

Source: Le petit courrier de Barr sur Seine - 6 septembre 1907

Source: Le petit courrier de Barr sur Seine - 6 septembre 1907

La fonction de berger communal est attestée dans l’est de la France depuis fort longtemps. En effet, beaucoup de familles disposaient de quelques têtes d’ovins dont l’utilité était triple : Assurer un revenu complémentaire et une source de viande éventuelle pour les grandes occasions mais aussi participer à l’entretien des parcelles privées ou communales et à la fumure des sols.

Les cartes postales du début du XXeme siècle montrent à Echenay et dans tous les villages des alentours la présence de tas de fumier devant les habitations (l’usage voulait que ce soit là que « l’usoir » soit localisé), preuve que presque toutes les familles détenaient quelques bêtes. Revers de la médaille, cette propriété entrainait quelques contraintes, comme les mener aux champs quotidiennement, tâche que le berger commun assurait à leur place…

Tous les matins, le berger passait dans les rues du village par un circuit défini et les villageois n’avait qu’à ouvrir les portes de leur étable à son passage. Les moutons sortaient alors d’eux même et formaient peu à peu le troupeau que le berger et ses chiens emmenaient vers les pâquis communaux où ils brouteraient toute la journée sous sa surveillance. Le soir, par le même circuit inversé, les moutons rentraient d’eux même dans leur bergerie après la journée passait aux champs… Seules les très grandes exploitations disposaient de leur propre berger comme c’est le cas sur la ferme du château d’Echenay.

Il est difficile de connaitre avec précision la nature du contrat qui lie le berger communal à la communauté villageoise. Une chose semble certaine en ce qui concerne Echenay… Le berger communal semble être logé pour son travail. A-t-il d’autres avantages ?... Sans doute mais je n’ai pu le découvrir.

Louis Guérin avait succédé à Nicolas Barbara (recens. de 1836), Georges Cheine (recens. de 1841), Jean Baptiste Cousin (recens. de 1846), Jean Vaguener (recens. de 1851, 56 & 61), Florent Emile Schoeffler (recens. de 1866), Jacob Hubert (recens. de 1876), Jean Pierre Engel (recens. de 1881) et Jacques Gassmann (recens. de 1886).

Louis Guérin sera remplacé par Joseph Schweighoffler au poste de berger communal (recens. de 1911).

Il semble qu’à compter du milieu du XIXeme, la profession de berger communal soit quasi « monopolisée » dans le nord-est haut-marnais par des familles originaires de la région de la Sarre et de l’Alsace bossue.

Ainsi, les bergers communaux d’Echenay proviennent-ils de cette région. Jacob Hubert est né à Eppenbrunn (Sarre) et sa femme à Hilst (une commune voisine). Jacques Gassmann est dit allemand dans le recensement de 1886 et l’origine ancienne de Joseph Schweighoffler laisse peu de doute même s’il est dit natif de Meurthe et Moselle dans le recensement de 1911.

Pour appuyer cette affirmation, j’ajouterai 2 exemples :

  • celui de mon arrière arrière grand père Philippe Wittmer qui exerça aussi cette profession dans ce secteur à la même période. Originaire de Butten (67) et son épouse de Bliesdalheim (Sarre), il travailla à Prez sous Lafauche, Poissons, Sailly, Effincourt, Saudron, Gillaumé et vint se retirer à Echenay quand ses jambes ne lui permirent plus d’accompagner les moutons.
  • Et celui du père de Marguerite Dorkel, co-héroïne malheureuse de cet article, puisque il est dit dans son acte de mariage qu’elle est née à Bierbach (à quelques kilomètres de Bliesdalheim – Sarre d’où est originaire mon ar-ar grand-mère) et que son père Jean est à l’époque berger à Bologne (52)

Les lieux de naissance des enfants de ces bergers démontrent le caractère itinérant de leur activité au gré des contrats. J’ai déjà évoqué le cas de mon ar-ar grand père mais je peux ajouter ceux de Jacob Hubert dont une fille naît à Rimaucourt (52) et celui de Joseph Schweighoffler dont une fille est née à Effincourt (52) où mon ar-ar grand père a également exercé avant lui.

Alors, que peut-on en déduire ? Que le savoir-faire de pâtre fût courant dans cette région de la Sarre et qu’ils trouvèrent en Haute-Marne un lieu où l’exercer ou qu’il s’agit juste d’une opportunité de travail saisit par les tout premiers « immigrants » que le bouche à oreille au sein de leur diaspora vint renforcer ?...

Toujours est-il que les descendants de ses bergers feront souvent souche en Haute-Marne. Le fils « miraculé » de notre pendu dont il est question dans l’article de journal, né à Chambroncourt (52), berger également, se mariera à Saint-Dizier en 1893 et Claire, la fille de Louis Guérin, épousera en 1894 à Echenay un gars de la Meuse.

De mon côté, tous les enfants de mon arrière arrière grand-père resteront à Echenay et ce n’est qu’à la génération suivante qu'ils commenceront à s’éparpiller un peu.

Mais ça, c’est une autre histoire !...

Sources :

www.retronews.fr

AD des départements concernés

www.etudes-touloises – Article « Le troupeau communal ovin et son berger en Lorraine et sa rapide disparition ». Aingeray (54460)

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