Poète, Gabriel de Pimodan ne peut échapper à la critique littéraire. Extraits…
« Gabriel de PIMODAN, Poèmes choisis, préface d'Auguste Dorchain, in-8, 271 p., avec deux portraits et une gravure, Messein, 1927, 15 fr.
Cette anthologie est faite de poèmes cueillis dans l'œuvre d'un homme qui fut à la fois le chef d'une illustre maison féodale, et, pendant plus de vingt-cinq ans, conseiller général et maire d'Echenay (Haute-Marne). II avait été soldat ; il démissionna en 1881, et se donna tout entier à sa tâche sociale et à ses travaux littéraires;
Avec Alfred de Vigny, il peut dire :
« J'ai mis sur le cimier doré du gentilhomme
Une plume de fer qui n'est pas sans beauté. »
Ces poèmes, en effet, sont d'un excellent ouvrier en vers, respectueux de ses lecteurs et de son art. Evidemment, on peut lui faire le reproche que l'on fait à l'école parnassienne que l'artisan et l'artiste étouffent un peu en lui le poète. Mais c'est un reproche qu'on ne peut plus guère faire à nos poètes d'aujourd'hui et qui ressemble fort à un éloge.
Toutefois, un peu de virtuosité se fait jour dans le choix des thèmes (la chanson des couleurs, par exemple), et dans la facture des vers : les sonnets sont « herediesques*» à plaisir (* de José Maria Heredia, poète réputé pour l’impeccable facture de ses sonnets).
D'autre part, il faut dire que cette âme vraiment noble a de hautes inspirations patriotiques et chrétiennes, que la poésie du passé enchante ce descendant des barons féodaux, et que l'esprit du XVIII siècle, ou même celui du XIX (voyez « Mes deux hôtels » !), étincelle en plus d'une page.
Comme il arrive souvent pour des volumes de vers, si honnêtes qu'ils soient, on ne peut les conseiller à tous. J'avouerai même que les poèmes sur la mort sont d'une inspiration un peu païenne (oh! un paganisme purement artistique!). Mais en dehors des adolescents insuffisamment avertis, les amateurs de poésie liront avec plaisir ce beau et solide volume. »
Sources : Revue des Lectures, 1927/01/15, 1927/08/15.