Illustration: Le départ du conscrit
Les temps sont durs... L'hiver écoulé fut néfaste :
Froid, neige, brume, vent... Et les joyeusetés
D'un tel jour font défaut au plus enthousiaste,
Pensif, hélas! Déjà sous les réalités...
Mais voici les conscrits dans la salle assez vaste,
Dix par dix, étalant leurs maigres nudités
De pauvres villageois qu'un dur labeur dévaste
Pour arracher nos champs à leurs stérilités.
Partir? Rester? Plus d'un craint qu'on ne le réforme.
Partir, c'est voir la ville et porter l'uniforme,
Hasarder les succès si rêvés à vingt ans...
Rester, c'est secourir encore le vieux père
Dont la main s'alourdit sur la glèbe improspère…
Et les plus résolus s'avancent, hésitants.
Source : Les Sonnets de Pimodan
PARIS - LIBRAIRIE LÉON VANIER, ÉDITEUR
19, QUAI SAINT-MICHEL - 1898