Ayant trouvé le propos de circonstance, ces quelques vers du Marquis de Pimodan…
Pourquoi vous troublez-vous, mes frères.
En voyant les partis contraires ?
Pourquoi ces craintes, ces courroux ?
Croyez-vous arrêter le monde ?
Sa course est folle et vagabonde !
Je le sais, mais qu'y pouvez-vous ?
Etes-vous la force et le nombre ?
Possédez-vous, massés dans l'ombre,
Des bataillons prêts à marcher ?
La défaite vous semble dure ;
Sachez l'accepter sans murmure.
Si vous ne pouvez l'empêcher.
Laissez faire ! Que vous importe,
Puisqu'on vous a mis à la porte ?
Arrivera ce qui pourra !
Quittez vite ces airs moroses ;
Vos aïeux effeuillaient des roses
Malgré l'écho du Ça ira!
Je ne crois pas que l'on vous tue,
Et que votre tête abattue
Roule au panier comme jadis.
Le ferait-on, c'est un passage
Qu'il faudrait accepter en sage
Avec un gai De profundis!
Pourtant, vendez cher votre vie !
Défendez-vous; je vous convie
A ne pas suivre vos aïeux.
Mais, comme eux, avec un sourire,
Prés de la mort, sachez écrire
Un madrigal pour deux beaux yeux.
Source : Le Coffret de Perles noires – Poésies de PIMODAN - Librairie Vannier – Paris 1899