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Découvrez l'histoire d'Echenay, petit village de Haute-Marne !

Ce blog retrace la petite et la grande histoire d'Echenay Haute-Marne sous forme de petits articles, au fil de mes recherches et découvertes généalogiques.

NICOLAS COLLIN, SIMON POIRSON ET EUSEBE MARANGE, 3 EPINCELOIS SOUS LA TERREUR - D'ECHENAY A PARIS - 1793/1795

Publié le 18 Janvier 2019 par Petite et Grande Histoire d'Echenay in Echenay sous la Révolution

Quelques clichés concernant la recherche généalogique ont la vie dure. On entend souvent de la part de néophytes des choses comme « tout a brulé à la Révolution ! » ou encore « Bah, dans l’ancien temps, nos ancêtres quittaient rarement leur village ! ».

Mais les hommes et les femmes des siècles passés étaient-ils si différents de nous ? Bien sûr, la plupart d’entre eux sont restés sur le lopin de terre que leurs ancêtres leur avaient légué mais n’avaient-ils pas au fond d’eux même l’envie, l’ambition secrète de « voir du pays » ?...

D’autres ont pourtant franchi le pas, par goût ou par contrainte, souvent sans crier gare, et cela complique parfois la tâche du généalogiste soucieux de retrouver ses aïeux.

Toujours à la recherche d’Epincelois (habitants d’Echenay 52), migrants ou pas, j’en ai retrouvé trois à Paris et cela me donne l’occasion de battre en brèche ces affirmations…  

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Texte du décret des cartes de sûreté parisiennes

Texte du décret des cartes de sûreté parisiennes

En 1793, la république veut conquérir l’Europe au cri de « Liberté, Egalité, Fraternité » mais, coincée entre une coalition étrangère menaçante et une guerre civile intérieure, elle se sent bien fragile. Les opposants sont nombreux, cachés dans tous les replis de la société et ont tous les visages. Paris, où tout se décide ou presque, est plus que crispé… A qui faire confiance ? Comment contrôler la rue, là d’où tout est venu, cette rue si versatile et prompte à s’enflammer et à retourner sa veste ?...

Alors, on invente la Carte de Sureté, sorte d’ancêtre de notre carte d’identité actuelle et qui joue également un rôle de laissez-passer. Chaque parisien doit se faire enregistrer dans sa section, accompagné de témoins qui déclarent le connaitre, apportant en quelque sorte leur caution. "Par le décret du 21 mai, sanctionné par le roi le 27 juin 1790, l’Assemblée constituante créa 48 sections (divisions territoriales et administratives), pour remplacer les districts, mettant fin à la tutelle de l'État sur la commune de Paris. Bien que censées n'être que des circonscriptions électorales, elles jouèrent un rôle important dans la Révolution française : s'impliquant fortement dans le débat politique, elles prenaient des décisions formelles, leur conférant ainsi un rôle d'autorité municipale" (Wikipédia) et outrepassèrent fréquemment leurs prérogatives.

C’est dans ces registres que j’ai retrouvé 3 épincelois circulants dans la tourmente révolutionnaire parisienne. Honneur à l’ainé.

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Source: Généanet - AN F-7-4791 Paris (Paris, France) | 1793 - 1795 |

Source: Généanet - AN F-7-4791 Paris (Paris, France) | 1793 - 1795 |

Nicolas Collin, fils légitime de Louis Collin, laboureur, et de Jeanne Bissac est né le 21 décembre 1749 a été baptisé le lendemain par le curé Voillaume en présence de son parrain Nicolas Collin et de sa marraine Marguerite Bissac. Son père signe fièrement son acte de naissance.

La 15 mai 1793, il se présente au bureau de la « section Bonne-Nouvelle » dont dépend son nouveau domicile de la rue Beauregard. Il déclare exercer la profession d’employer (sic), avoir 44 ans, résider à Paris depuis 1768 et qu’il habitait précédemment Rue Notre Dame de Recouvrance. Il n’a donc déménagé que de 200/300 m.

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Source : Généanet - AN F-7-4796 - Paris (Paris, France)

Source : Généanet - AN F-7-4796 - Paris (Paris, France)

Simon Jean Chrisostome Poirson est né, lui, le 31 janvier 1760 à Echenay. Son père Pierre, marchand, et sa mère Marie Magdelaine Laurent avaient choisi Simon Breton et Jeanne Bissac pour parrain et marraine. Est-il parent avec Nicolas Collin par les Bissac ?...

Le 4 germinal an III (24 mars 1795), il déclare à sa section habiter dorénavant au 44 rue des prêtres, être âgé de 36 ans, être employé et n’être à Paris que depuis 12 mois. Il signe d’une signature élégante.

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Source: Généanet - AN F-7-4791 Paris (Paris, France) | 1793 - 1795 |

Source: Généanet - AN F-7-4791 Paris (Paris, France) | 1793 - 1795 |

Le mardi 16 avril 1793, un jeune homme de 27 ans pénètre dans les bureaux de la « section des droits de l’homme » pour déclarer un changement de résidence. Il s’appelle Eusèbe Marangé, habite dorénavant au 108 rue vielle du temple. Il déclare son âge, être né à Echenay, être instituteur et résider à Paris depuis 1786. Il avait donc 20 ans à son arrivée à Paris.

Né le 21 juin 1766, il est le fils de Nicolas Marangé, maréchal-ferrant à Echenay et de Jeanne Labrouvoix, son épouse.  Il a eu pour parrain Joseph Poirson et pour marraine Anne Voilot.

Ainsi est-il donc peut-être parent avec Simon Poirson ?...

Le 28 frimaire an IV (19 décembre 1795), il se mariera à Paris avec Geneviève Dumoulin, fille de Charles Dumoulin et de Thérèse Françoise Mayrot. (AD75 V10E8 & V10E4 – Geneanet)

Hélas, il décède vraisemblablement en 1818… Le 21 août 1818, le notaire parisien Auguste Herbelin procède à l’Inventaire après décès d’Eusèbe Maranger, instituteur, à la requête de Renée-Victoire Muzelle, veuve de Pierre Jolibois, ancien instituteur également. (Cote : Arch. Nationales - MC/ET/LXX/904 – minutes août 1818)

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Exemple de carte de sureté

Exemple de carte de sureté

Qu’est ce qui a pu pousser tous ces hommes jeunes, voire très jeunes, à quitter Echenay ? L’attrait de la découverte, de la nouveauté ou fuir la misère, l’univers restreint et étriqué du village pour chercher une vie nouvelle à Paris ?...

Nicolas Collin a 19 ans quand il arrive à Paris, ville distante de 250 kms de son village. Eusèbe Marangé en a 20 et Simon Poirson 35. Il est possible, nous l’avons vu, qu’ils aient eu des liens de parenté. Se fréquentaient-ils, habitants tous le cœur de Paris ? Le premier a-t-il incité les autres à venir le rejoindre ?... Et comment ont-ils vécu cette période de la terreur et la révolution dans son ensemble ?...

Ils sont en quelque sorte les précurseurs de cet exode rural qui videra le village 100 ans plus tard, les premiers à rompre avec leur destiné tracée de petits agriculteurs ou de manouvriers.  La capitale a-t-elle répondu à leurs souhaits ? Autant de questions qui resteront sans réponse.

Paris n’est qu’une ville de provinciaux qui ont oublié qu’ils l’étaient et il me semble juste d’avoir remis « un peu de chair » sur ces hommes du village, bien qu'ils ne soient pas de ma famille.

Sources :

AD 52 pour l’état civil

Archives Nationales : Inventaire après décès d’Eusèbe Marangé

Geneanet : registres numérisés des cartes de sureté (merci aux bénévoles)

Familysearch

Persée : Un recensement parisien sous la Révolution. L'exemple des cartes de sûreté de 1793 - Faron Olivier - Grange Cyril - Mélanges de l'école française de Rome - Année 1999

Et d’autres sites annexes

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